Baby Punker

Tribulations d'une âme errante



23:18 le 14 novembre 2020

Je suis venu ici me poser des questions.

Cela fait quelques temps que je me demande si je ne suis pas transgenre. Je n'ai jamais été confortable dans ce corps de femme. Il ne me dérange pas mais il ne m'affriole pas non plus. Je l'aime pour tout ce qu'il me permet de faire et pour toutes les fois où il a été là. Il a tellement souffert. Il a tellement enduré. Je ne peux que m'incliner devant sa résilience.
Une autre existence m'appelle cependant. Une présence assurée, affirmée dans un corps d'homme. Parfois, ça me semble être une idée lâche. Comme si j'abandonnais ce corps de femme qui a tellement encaissé de coups et qu'à mon tour, je jette, je mutile, je frappe. Il mérite mieux que ça. J'aimerais trouver une tierce existence. Faire de ce corps un autel du courage. Le magnifier. Inventer un genre tiers dans lequel ce corps pourrait exister, mais exister pour plus que ce à quoi on le réduit. Je ne veux pas d'un corps de femme qu'on observe, scrute, caresse. Je veux un corps de femme qui impose le respect, qui rape la peau quand on le touche, qui excite de peur.
J'ai tellement envie d'être aggressif et de faire peur. Pas pour faire du mal. Juste goûter à cette jubilation de celui qui contrôle, qui s'impose, qui existe.
Je ne sais pas si je suis capable de faire ça avec mon corps de femme.
Enfin, ce qui me dérange avec, c'est tous les quiproquos qu'il cause. Les femmes qui sont jalouses de moi alors que j'ai juste envie de les baiser, pas de plaire à leur mec. Les mecs dans la rue qui me regardent. Je ne peux pas être invisible pour eux.
Si j'avais un corps d'homme et qu'ils voulaient qu'on se chope dans une ruelle dégueulasse et qu'on échange nos sueurs, qu'on se batte un peu pour savoir qui va pénétrer l'autre, je dirais pourquoi pas. Mais ce vieux rapport qu'ils me proposent, celui qui dit qu'il faut que je sois là à rien foutre pendant qu'il me baise contre mon consentement, je n'en veux pas, il est tellement chiant ! On s'ennuie à mourir ! C'est tellement plus beau de se lancer dans une petite joute pour savoir qui va soumettre l'autre. Mais non, quand ils me regardent, je la vois leur sale proposition : sois belle et tais toi. Je ne sais pas comment certains peuvent trouver ça beau ! C'est le rapport le moins complexe qui existe sur Terre. Seul un être vit dans ce rapport. Seul un récit existe et chapeaute les instants de vie de deux personnes. Comment je pourrais me satisfaire de ça ?
Si j'avais une bite, je m'amuserais tellement avec les autres hommes.
Si j'avais une bite, je m'amuserais tellement avec les autres femmes.
Je ne sais pas si je dis ça parce que je fantasme toujours ce que je n'ai pas. Ca se trouve, même avec une bite, je serais tout aussi timide en amour.
On est tellement libre quand on est un homme. On a tellement de définitions possibles. Je déteste ce corps de femme à travers lequel on me lit. Je me sens tellement plus vaste que les projections merdiques qu'il provoque.
Je ne sais pas si je veux changer de sexe pour être un homme ou pour être vu.
Peut-être que ça va avec. Et peut-être que c'est comme ça pour tous les hommes trans.



17:17 le 15 novembre 2020

Toujours autant de gens qui crient sur le boulevard où j'habite.
Je me sens pas trop mal dans mon corps de femme aujourd'hui. Mais j'espère quand même que je ferai un beau garçon. Je vais tenter des choses après le confinement.
J'ai tellement peur qu'on me dévisage, qu'on me frappe, si je vais trop loin dans ma transidentité. J'ai mis tellement de temps à réparer les maux passés. Je n'ai pas envie de rouvrir la brèche. Le temps est très nuageux, c'est inhabituel.
Hier j'ai vu un site qui proposer des pénis pour homme transgenre tellement réaliste. Ca m'a donné envie. Il manque plus qu'à trouver un moyen de faire un peu d'argent histoire de pouvoir payer tout ça : les vêtements, les prothèses. Heureusement que les chirurgies sont remboursées.
Je ne suis contente que vous ne puissiez pas répondre à mes paroles. C'est apaisant.
Demain je dois recommencer à travailler.
J'ai vu une photo de moi enfant ce matin. J'étais tellement belle. Pourtant, je pensais tellement le contraire. C'est fou de se détester autant si jeune. Qui m'a mis ces idées dans la tête ?
Je me rappelle m'être toujours posé la question de l'identité de genre. Je me disais, aujourd'hui, j'aime bien être une fille, ou aujourd'hui, j'aurais préféré être un garçon. C'est bizarre d'être entre les deux comme ça. Il faudrait que je dessine ce personnage, que je l'incarne par mes vêtements, mon style. Ca coûte cher, c'est le seul soucis.
Mais ça pourrait me rendre heureuxse. Je n'ai jamais compris comment utiliser l'écriture inclusive donc je vais utiliser ma propre écriture.
J'ai hâte d'être un homme.
Je ne sais pas pourquoi je hais tellement qu'on me touche. C'est vraiment une aversion. Pourtant, je sens que je suis en manque. Que j'aimerais qu'on vienne me caresser. Mais l'idée qu'un être s'approche de moi pour me toucher me terrifie.
J'aimerais que mon cerveau me donne quelques clés. Qu'il me dise pourquoi je me sens comme ça. Pourquoi je n'arrive pas à avoir des rapports sexuels, pourquoi j'aime pas qu'on me touche. Je pense qu'il est temps qu'il me livre ses secrets.
Après tout, c'est aussi les miens.